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16/09/2014

Ukraine : le langage de la réalité

Sous les flonflons de la "signature simultanée" (avec effet retard) :


 

Nos télévisions nous ont montré tout à l'heure, minute d'intense émotion, la signature « simultanée » (Kiev-Bruxelles) de l'accord de libre-échange entre l'Ukraine et l'Union européenne. Une chaîne d'info a même tenu à déclarer que c'était « le premier pas vers l'entrée de l'Ukraine dans l'UE » : c'est oublier qu'à force de premiers pas, Ankara, par exemple, est aujourd'hui beaucoup plus loin de l'Europe qu'en 2004. Et oublier que l'accord Kiev-Bruxelles n'entrera en vigueur que fin 2015 (sur la demande de Moscou), alors que M. Barroso avait juré que cette vigueur commencerait dès novembre 2014... Mais nos télévisions ne s'encombrent pas de réalisme  ; elles mènent le combat du bien contre le mal, aux côtés de Batman.

Le réalisme  garde heureusement quelques entrées, sporadiques, dans la presse. Y compris dans Le Monde (pourtant devenu le bulletin intérieur de l'OTAN) ! En dernière page du numéro daté d'aujourd'hui, Sylvie Kauffmann parle de « La dernière chance de l'Ukraine ». À Kiev, profitant de ce que « les miliciens du Pravyi Sektor » (nostalgiques de 1941) sont « partis au front », elle a réussi à trouver des « gens de Maïdan » plus proches de l'image qu'on s'en font nos newsrooms : de simples indignés, qui voudraient voir un peu moins de voleurs parmi les dirigeants ukrainiens. Ces indignés s'impatientent, nous dit la journaliste : « ils regrettent, comme le militant anticorruption Vitaly Chabounine, que ''la corruption soit encore l'activité la plus rentable en Ukraine''. Sylvie Kauffmann a aussi eu des échos de la conférence Ukraine-USA des 11-13 septembre, au cours de laquelle les oligarques ukrainiens ont entendu Larry Summers, ex-secrétaire US au Trésor, les inviter à faire « le meilleur usage » – sicde l'aide du FMI ; et Tomas Melia (département d'Etat) critiquer la dérive de Kiev : « Trop de signes montrent que c'est "business as usual" à l'ukrainienne... Vous avez une occasion fantastique, si vous la laissez passer, le consensus occidental sur la nécessité d'aider l'Ukraine à repousser l'agresseur s'évaporera, car il y a tant à faire ailleurs. C'est votre dernière chance. » M. Melia parle presque le langage de la réalité.

ceci près que le Kremlin n'a pu devenir « agresseur » que dans la mesure où Kiev lui en a fourni le prétexte, au printemps, en trompettant une guerre linguistique contre les russophones du Donbass : d'où l'insurrection séparatiste et tout ce qui s'est ensuivi... Mais n'attendons pas ce genre de nuances de la part des Américains ; ils ne reconnaîtront jamais que leur premier ministre ukrainien Iatseniouk est un épurateur ethnique).

Sylvie Kauffmann n'est pas très optimiste. Elle sent « l'inquiétude poindre » chez les Européens, « bonnes fées penchées sur l'Ukraine ». Elle constate aussi ce que nous signalions depuis plusieurs mois : les divergences entre M. Porochenko et M. Iatseniouk. Elle ne va pas jusqu'à révéler que ce dernier s'appuie sur les milices nationales-socialistes, qui menacent M. Porochenko d'une « marche sur Kiev » ; mais elle dit, comme nous le disions depuis le début, que M. Porochenko souhaite l'apaisement tandis que M. Iatseniouk veut attirer la Russie dans une guerre totale, pour que l'OTAN vienne s'y impliquer. C'est le plan des ligues nazies ouest-ukrainiennes depuis qu'elles ont opéré le putsch de Maïdan, parrainées par des oligarques...

Conclusion rêveuse de la journaliste : « L'espoir que nourrissent maintenant les partisans d'un renouveau ukrainien, c'est que les élections d'octobre permettent à la génération de jeunes et brillants activistes de Maïdan, les authentiques démocrates pro-européens, de prendre la relève, d'investir le parlement, et de trouver la force institutionnelle nécessaire pour changer le système. Et démanteler, enfin, le régime des oligarques qui étouffe l'Ukraine depuis son indépendance, il y a vingt-trois ans. » Chaque mot compte dans ces neuf lignes de Mme Kauffmann ; ses confrères devraient les méditer. Mais elle s'avance un peu en affirmant que les véritables « activistes de Maïdan » étaient « d'authentiques démocrates pro-européens »... Pour en savoir plus sur le putsch et ses morts, elle devrait visionner l'émission de la chaîne publique allemande ARD :

http://rue89.nouvelobs.com/2014/04/24/television-allemande-conteste-version-officielle-tuerie-maidan-251739

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17:24 Publié dans Europe, Russie-Ukraine-etc, USA | Lien permanent | Tags : ukraine, europe, usa